D’après les témoignages des parents d’enfants malades, c’est lorsqu’ils constatent un retard de langage durant les années préscolaires de leur enfant, qu’ils commencent à s’inquiéter. Ce retard n’est pas uniquement constaté dans la maladie de Sanfilippo mais il fait partie des principaux symptômes observés. Le langage, s’il a été acquis, et la compréhension se dégradent également peu à peu et plus ou moins lentement selon les personnes.
C’est l’observation d’un ensemble de symptômes qui doit conduire le médecin à envisager une maladie de Sanfilippo. Le diagnostic de la maladie de Sanfilippo ne pourra être posé qu’après une mesure de la concentration d’héparane sulfate dans les urines. En cas de maladie, une concentration d’héparane sulfate plus importante est détectée.
Ce diagnostic est ensuite confirmé par un dosage enzymatique dans les leucocytes ou les fibroblastes pour les quatre sous-types ou dans le sérum pour la MPS III B. Cela permet de constater un déficit ou une absence d’activité de l’une des quatre enzymes. Cette étape est indispensable pour confirmer le diagnostic et préciser le sous-type.
Toutefois, pour les MPS III A et D, la mesure de l’activité d’autres sulfatases est essentielle pour exclure une autre maladie lysosomale, la maladie d’Austin, qui est justement due à un déficit en sulfatases.
Le sous-type étant suggéré, ce sont des analyses génétiques qui vont, à ce stade, confirmer la maladie. Une recherche de mutations sur le gène codant l’enzyme en question est effectuée.
Pour obtenir une détection fiable des "porteurs sains" dans les familles, l’identification des mutations chez le malade est importante. Plus de 70 mutations sur le gène codant l’héparane sulfamidase ont aujourd’hui été identifiées.
Un diagnostic précoce suivi de soins appropriés joue un rôle important sur la qualité de vie des patients. Cela peut même parfois ralentir ou prévenir le développement de dommages irréversibles.
Toutes les étapes du diagnostic sont importantes pour être certain que la personne soit bien atteinte de la maladie de Sanfilippo.
Existe-t-il un dépistage de la maladie de Sanfilippo ?
Un test génétique est en effet possible. Il sera proposé aux couples ayant déjà un enfant malade (ou famille à risque dû à des antécédents), permettant ainsi d’envisager une grossesse en toute sécurité. Le test peut aussi permettre de diagnostiquer précocement la fratrie d’un enfant malade.
>> Pour les couples ayant déjà eu un enfant atteint (ainsi que les couples où chacun a été dépisté comme porteur sain et les familles à risque dû à des antécédents) peuvent bénéficier du diagnostic prénatal. Il est actuellement réalisé par un test génétique.
Il est donc indispensable d’avoir au préalable identifié les mutations en cause chez le(s) malade(s), et vérifié que les deux parents demandeurs du diagnostic prénatal soient chacun porteur d’une des mutations familiales (qui peuvent être différentes ou identiques). Il est donc souhaitable de réaliser ces études dès le diagnostic du malade. Dans ces conditions, le résultat est fiable, sous réserve que l’on ait pu vérifier que les cellules qui ont servi à extraire l’ADN utilisé pour le test sont bien celles du fœtus et non celles de la mère (test complémentaire indispensable).
>> Pour la fratrie, il est possible de dépister cette maladie chez les personnes à risque (frères et sœurs du malade) avant qu’elle ne se déclare. Les tests génétiques permettent d’identifier dans la famille du malade les porteurs sains et les personnes atteintes de la maladie qui n’auraient pas encore développé les symptômes. En cas de résultats positifs, ce dépistage et diagnostic précoces vont permettre une meilleure prise en charge et limitation des symptômes mais en l’absence de traitement spécifique, ils n’assurent pas une guérison.
Sur le plan génétique, qui est atteint de la maladie de Sanfilippo ?
La maladie de Sanfilippo est une maladie génétique dite autosomique récessive.
Notre matériel génétique fonctionne par paire. Le malade possède deux copies défectueuses sur l’un des quatre gènes impliqués dans la maladie de Sanfilippo. Ces deux gènes défectueux lui ont été transmis par ses parents, qui possèdent eux un seul gène défectueux, c’est pourquoi ils sont dits "porteurs sains". Dans ce cas, le gène muté du père doit être le même que le gène muté de la mère. Par exemple, si les deux parents transmettent chacun une copie altérée du gène impliqué dans la MPS III B, alors leur enfant sera atteint de la MPS III B.
Au contraire, si les parents portent chacun une mutation différente, il n’y a aucun risque pour les enfants de développer la maladie de Sanfilippo. En effet, le gène muté du père (sur un seul chromosome de la paire) est différent de celui de la mère. Les enfants peuvent être porteurs sains pour les deux sous-types en question ou pour l’un ou l’autre des deux sous-types. Par exemple, si le père transmet une copie altérée du gène impliqué dans la MPS III A et si la mère transmet une copie altérée du gène impliqué dans la MPS III D, leur enfant sera porteur sain pour ces deux sous-types et ne développera donc ni la MPS III A ni la MPS III D.