Décrite en 1963 par le pédiatre américain Sylvester Sanfilippo, la maladie de Sanfilippo (ou sous son terme scientifique : mucopolysaccharidose de type III (MPS III)) est une affection génétique rare qui fait partie des maladies de surcharge lysosomale.
Elle est due à une accumulation anormale de molécules de type sucré (sucre = saccharose >> maladie de type mucopolysaccharidose) dans les cellules de l’organisme, plus particulièrement celles du cerveau.
La maladie de Sanfilippo est divisée en quatre sous-types qui présentent tous des symptômes similaires. En revanche sur le plan biochimique ils sont différents. Chaque sous-type est déterminé en fonction de l’enzyme qui est absente ou déficitaire.
On distingue ainsi :
Quelles enzymes interviennent dans la maladie de Sanfilippo ?
Il y a quatre enzymes qui interviennent dans cette maladie. L’absence de l’une d’entre elles est responsable d’un sous-type de la maladie :
Lorsqu’une de ces quatre enzymes est absente, cela provoque une accumulation d’héparane sulfate dans les lysosomes.
Ce dysfonctionnement est dû à des mutations dans le gène correspondant à l’enzyme en question. Ces mutations génétiques font que l’enzyme n’est pas ou peu fabriquée. Ces quatre enzymes interviennent à différents niveaux de dégradation mais si l’une d’elles est absente ou défectueuse, les conséquences sont les mêmes.
Comment se transmet la maladie de Sanfilippo ?
La transmission de cette maladie se fait sur un mode autosomique récessif. Les deux parents sont "porteurs sains" et transmettent leurs deux gènes mutés à l’enfant.
Combien de personnes sont atteintes de la maladie ?
Même si elle reste rare, la maladie de Sanfilippo est la plus fréquente des mucopolysaccharidoses (MPS). En France, elle concerne aujourd’hui moins d’une naissance sur 100 000. Le nombre de nouveaux cas observés dans la population diffère toutefois selon le sous-type.
Le nombre de patients n’est pas connu avec justesse, il est estimé entre 100 et 150 malades en vie dont prés de 65% sont MPS IIIA, 24%MPS IIIB, 9% MPS IIIC et quelques rares MPSIIID.
Les estimations se basent entre autre sur un travail d’Histoire naturelle qui a été effectué entre 1990 et 2006, et des études entre 2000 et 2013. VML collabore actuellement à la création d’un registre national MPS afin de mieux quantifier et connaitre l’évolution de la maladie.
Ces sous-types sont par ailleurs plus fréquents dans certaines populations. Par exemple, la MPS III A est plus fréquente en Europe du Nord alors qu’elle est absente en Grèce, où c’est la MPS III B qui prédomine.
Quels sont les symptômes ?
Généralement, les premiers symptômes surviennent avant 6 ans.
Dans un premier temps, ce sont les troubles du comportement et les problèmes de concentration qui vont interpeller les parents. Hyperactivité, irritabilité, agressivité et anxiété sont par exemple souvent observées. L’enfant peut aussi avoir un retard du développement du langage. Dans ce cas, quelques difficultés à articuler et à acquérir le langage c’est-à-dire la capacité à associer deux mots, sont rencontrées. Par ailleurs, certains enfants présentent des troubles du sommeil qui peuvent être parfois importants. D’autres, au contraire, ne sont absolument pas concernés par ce symptôme. Les infections du nez, des oreilles et de la gorge sont quant à elles fréquentes chez la majorité des patients. Ces premiers symptômes évoluent ensuite progressivement et plus ou moins rapidement en fonction des individus.
Les symptômes et signes physiques sont peu visibles dans les premières années, mais vont progressivement évoluer. On pourra notamment noter chez les patients des traits du visage un peu plus épais et une implantation épaisse de cheveux et sourcils.
Dans un second temps, les enfants sont généralement plus calmes. Ils peuvent toutefois développer pour certains une épilepsie. Les troubles du sommeil peuvent être quant à eux toujours présents. Les patients sont alors dans une phase relativement stable et plus ou moins longue selon les personnes et le sous-type de la maladie.
Dans un troisième temps, un net avancement de l’atteinte neurologique est observé. Les acquisitions psychomotrices diminuent progressivement avec la perte de la marche et de la station assise. Des complications orthopédiques peuvent aussi aggraver la difficulté de déplacement des patients. Il peut y avoir par ailleurs un affaiblissement de la vue et de l’ouïe ainsi que des troubles de l’alimentation et du transit. La communication orale est de plus en plus affectée.
Souvent dû à des complications respiratoires, le décès peut arriver vers la fin de la deuxième décade mais certaines personnes vivent plus de 50 ans. L’âge du décès est très variable suivant les individus et le sous-type de mucopolysaccharidose de type III.
Quels sont les traitements ?
Jusqu’à ce jour, aucun traitement spécifique n’a été mis au point mais plusieurs sont actuellement à l’étude. Des essais cliniques de thérapie génique sont en cours pour la maladie de Sanfilippo A et Sanfilippo B. Sinon seuls des traitements symptomatiques sont aujourd’hui disponibles et peuvent avoir un effet bénéfique sur le comportement, le sommeil, des douleurs neuropathiques, etc ...